Reportage Par Frank Donzelli de France
Attention, la course à l’armement lourd continue chez les constructeurs de jet-skis ! Les cerveaux des ingénieurs fument, les machines s’affûtent et les puissances s’envolent au-delà des 250 chevaux. Sea-Doo et Yamaha ne pouvaient pas rester les bras croisés, et répondent à la marée verte. Kawasaki et son Ultra 250 X ont trouvé à qui parler !Le monde du jet-ski est assez particulier. Plus encore qu’en voiture, en quad et surtout en moto, pour être dans le coup, il faut absolument avoir la dernière machine, la plus belle, la plus puissante, la plus performante… Le top du top quoi ! Le jet est avant tout un objet de passion, voire même un objet fashion. Les performances et la puissance sont LES caractéristiques les plus importantes, car piloter un jet c’est assez simple (tout du moins en ligne droite) et si on veut taxer ses petits camarades, il faut des chevaux… Beaucoup de chevaux !
Raz-de-marée vertOn comprend mieux pourquoi Kawasaki a fait un carton l’année dernière avec son Ultra 250 X avec, comme son nom l’indique, 250 HP dans la coque. Pour s’en convaincre, il n’y a qu’à regarder la liste des engagés lors de la dernière Karujet 2008 (manche unique du Championnat du Monde de Rallye Jet organisée pour la onzième année consécutive en Guadeloupe). 95% du plateau naviguaient sur des jets Kawasaki ! Mais comme la machine ne fait pas tout, c’est Cyrille Lemoine sur Sea-Doo qui a décroché le titre. Qu’importe, le constat est flagrant, Kawasaki a tapé un grand coup l’année dernière. Yamaha et Sea-Doo ne pouvaient pas rester les bras croisés, et répondent cette année avec des jets trois places qui ne manquent pas d’arguments. C’est à Hyères que nous avons pu nous incruster chez la concession Audemar lors d’un comparatif organisé par nos confrères d’Hydrojet Magazine (un grand merci à eux et à l’équipe toujours très accueillante d’Audemar). En plus des trois dernières bombes Sea-Doo RXT-X, Yamaha FX SHO et Kawasaki Ultra 250 X, nous avons eu la chance de passer la journée avec trois top pilotes : Teddy Pons, Cyrille Lemoine, et Brice Lopez (voir leurs interviews dans ce même dossier). Une journée sous le signe de la performance…
La claque !Dès les premiers coups d’œil, les trois machines se distinguent. Le RXT-X affirme sa sportivité avec des lignes très tendues et des petits détails qui ne trompent pas comme sa colonne et ses commandes en alu anodisé. La bête est racée et l’on sent tout de suite qu’il va falloir s’accrocher.
Le Yam FX SHO semble plus accueillant. Son gabarit plus imposant et sa selle plus cossue laissent présager un bon confort. La finition, comme toujours chez Yamaha, est irréprochable, mais méfiez-vous de l’eau qui dort, sous cette coque joliment dessinée se cache un quatre-cylindres injecté et compressé de 1 812 cm3 ! À ne pas mettre entre toutes les mains. La puissance du bestiau ? Impossible à savoir. La politique de Yamaha est stricte : ils ne communiquent pas sur la puissance, mais sur l’efficacité de leurs machines et le plaisir qu’elles délivrent. Une chose est sûre, il y en a largement assez et la barre des 200 chevaux semble bien franchie.
À côté, l’Ultra 250 X prend un gros coup de vieux. La machine fait un peu «plastique» et, même si son design est travaillé, il ne peut tenir la comparaison avec les deux autres. Tant qu’on est sur le Kawa, allons naviguer à son guidon. Les premières sensations mettent en avant le quatre-cylindres 1 498 cm3 compressé. Les 250 chevaux propulsent vigoureusement machine et équipage en avant dans une sonorité électrique très caractéristique. La prise en main est immédiate, mais le guidon est placé beaucoup trop bas. Les évolutions debout (assez fréquentes vu les vitesses atteintes facilement) deviennent vite fatigantes surtout pour mes 183 cm. On note également une direction dure qui grève la précision de pilotage. C’est d’autant plus flagrant quand on passe d’une machine à l’autre. Sur les changements de cap, l’Ultra vire à plat. Sa coque reste stable est a plus tendance à glisser sur l’eau que ses concurrentes qui accrochent davantage. C’est par exemple le jour et la nuit avec le RXT-X. Malgré une direction beaucoup plus souple, il se montre autrement plus physique à emmener. Sa coque ultra-vive répond à la moindre sollicitation sur le guidon et il faut s’accrocher fermement à la machine pour ne pas se faire éjecter lors des virages serrés à haute vitesse.
Le RXT-X prend beaucoup plus d’angle et même si les puissances sont identiques on a l’impression que son trois-cylindres Rotax pousse beaucoup plus fort. C’est un peu le cas car en vitesse de pointe il est le plus rapide, mais à l’accélération ce n’est pas franchement flagrant.
Roi des mersEt le nouveau Yam dans tout ça ? Et bien, c’est un peu le mélange des deux. Confortable, beau, performant… Il est difficile de lui trouver un défaut. Lui aussi bénéficie d’un moteur très performant. Vous voulez des watts ? Il y en a partout ! Ces trois jets se démarquent surtout par leurs comportements dynamiques. Le Yamaha semble être le plus homogène. C’est lui qui permet d’exploiter au maximum son énorme cavalerie. La position du pilote est naturelle, mais c’est surtout sa coque qui est une merveille d’équilibre et d’efficacité. Elle met tout de suite en confiance et là où l’on coupe avec le RXT-X de peur de perdre le contrôle, on garde gaz en grand avec le FX SHO. C’est encore plus vrai quand la mer se forme. Le nouveau Yamaha est un régal que ce soit pour une longue randonnée en famille ou avec des potes, ou pour attaquer comme un sourd, sur un lac ou sur une mer plus turbulente. À son bord, on a l’impression de tout maîtriser… Même si ce n’est pas toujours vrai. À côté, le Kawasaki manque de prestance et fait un peu plus cheap. Les performances sont bien présentes, mais il manque cette élégance que la Yamaha dégage.
Qu’importe, les plus sportifs apprécieront le côté brut de l’Ultra et n’auront que faire de l’instrumentation peu lisible ou de la finition un peu en deçà. . Le Sea-Doo fait payer cher son caractère exclusif mais à ce prix vous avez quasiment entre les jambes une machine de course. Là encore, le FX SHO se montre homogène en offrant des prestations haut de gamme. Seul point négatif à son égard : sa jeunesse et les défauts de fiabilité qui pourraient en découler, alors que les autres machines sont des évolutions de bases déjà éprouvées. L’avenir nous dira tout ça…